A Périgny, une aide humanitaire anémiée
A Périgny, l’aide humanitaire post-séisme est complètement anémiée. Périgny, localité de la deuxième section communale de Camp Perrin (commune du département du Sud située à 22 kilomètres de la ville des Cayes) constate que l'aide humanitaire notamment du gouvernement se distribue au compte - gouttes et que la représentante du gouvernement dans ce départements Sofia Loréus est aux abonnés absente.
L'organisation pour une Écologie Active au service d'Haïti (OEASH) - une organisation écologique créée en 2009, très active dans la sollicitation d'aide aux victimes du tremblement de terre du 14 Août dernier dans le Grand Sud - fustige la représentante du gouvernement dans le Sud , la ministre à la condition féminine et aux droits des femmes Sofia Loréus pour son inertie.
"Nous avons ouï-dire que le gouvernement travaillait à aider les victimes du séisme du 14 Août 2021. Toutefois, deux mois jour pour jour après le passage du tremblement de terre, aucune instance gouvernementale n'est encore arrivée à Périgny , localité enclavée de la deuxième section communale de Camp Perrin.
Outre les sites touristiques naturels (Saut-Mathurine) et religieux (Peristil de la mambo très connue Yolande Vital), les églises, écoles et autres établissements publics et privés sont quasi complètement détruits. Des pertes nettes qui s'élèvent à première vue à des dizaines de millions de gourdes (monnaie haïtienne).
Aussi, l'OEASH a pu constaté que les différentes récoltes en préparation à cette période, notamment le pois (pois congo et pois noir, deux variétés locales de haricots) et l'igname (yanm jòn) ont tous été détruits.
Cette organisation dirigée par Pascal Benoit, natif de Camp Perrin travaille depuis 5 ans dans l' encadrement des producteurs locaux et dans l' aide à l' alimentation notamment avec l'ONG Food for the Poor.
Pascal Benoit affirme que la première organisation venue prêter main forte est "Projet Sainte-Anne". En apportant riz, huile, sucre, eau et autres produits hygiéniques, ce regroupement de diaspora natifs de Camp Perrin a pallié à l' absence du gouvernement dirigé par le premier ministre de facto Ariel Henry.
"A Périgny, nous nous sommes remis aux voisins, à nos familles et à Dieu. Le gouvernement nous avait laissé crever si on l'attendait, clame-t-il.
Le cahier de charges de l'OEASH et de Périgny
Selon Pascal Benoit, le gouvernement doit pouvoir rattraper ce manquement. Ainsi, il doit éviter de reproduire les erreurs de 2010 : les produits disponibles localement doivent être écoulés , les petite et moyenne entreprises (PME) doivent être revitalisées et les produits locaux doivent être achetés pour aider financièrement les bourses et les ménages.
Aussi, il recommande que le gouvernement paie les frais scolaires de tous les enfants de la localité pour cette année et de faciliter la reconstruction des maisons.
M. Benoît exige une intervention sur les sites naturels et religieux ; le réaménagement des routes secondaires ; l'achèvement du tronçon de route menant à Bèdimel (Aquin) pour le déversement par voie maritime de certains produits et la poursuite de la construction de l'aéroport international Antoine Simon.
Pascal Benoit met en garde contre toute négligence autour du projet de reconstruction . Selon lui, l'une des conséquences immédiates de l' éventuel échec de cette reconstruction est l' augmentation de l' exode vers les mégalopoles dont Port-au-Prince et l' accroissement en effectif des gangs armés.
Périgny est un échantillon de ses nombreuses localités complètement abandonnées de la puissance publique, livrées à la merci du volontarisme d'ONG et de philantropes haïtiens dont les hommes politiques pressentis comme candidats aux prochaines élections.
par Cliff Coulanges