De l'insécurité aussi dans nos pompes à essence
Rareté fréquente, recel et marché noir, des structures de stockage en plein coeur de zones de turbulences, l'insécurité touche nos pompes à essence et par conséquent- notre quotidien.
Alors qu' elle consomme quotidiennement 20 mille barils de produits pétroliers (1 baril équivaut à 42 gallons), Haïti ne peut stocker qu'un million de barils.
Les gouvernements successifs n'ont donc pas pu utiliser l'extraordinaire manne Pétrocaribe (accord avec le gouvernement vénézuelien pour l'acquisition de produits pétroliers à prix préférentiels) pour permettre de voir la construction d'installation de stockage, ce pays caribéen est obligé de se fournir en produits pétroliers tous les 22 jours en raison de sa relative faible capacité de stockage.
Aussi, les deux seuls terminaux : Varreux (commune de Cité Soleil), et Thor (commune de Carrefour) se trouvent dans des zones à fort potentiel d'instabilité , de banditisme et de faiblesse de la présence des forces dissuasives. En plus ces deux terminaux se trouvent dans le seul département de l'Ouest.
Essentielle dans la matrice énergétique nationale, la consommation de produits pétroliers pour les véhicules, les ménages (four à kérosène, lampe de chevet etc...) et les moteurs et génératrices et régulièrement bousculés par des retards récurrents :les mécanismes de consolidation des montants indus par l'État haïtien aux différents importateurs (Dinasa, Bandai, Go, Capital et DNC); le banditisme dans les zones urbanisés et le manque de rigueur dans la gestion de ce secteur viennent se greffer à cet absence de capacité ordinaire de stockage qui pourrait contenir entre 2 et 3 millions de barils.
L'insécurité dans nos pompes à essence
Pour l'ex ministre délégué auprès du Premier ministre en charge de la question énergetique Dr René Jean Jumeau, en plus de la construction de ports et de réserves stratégiques et un mécanismes plus léger de collectes des dettes de l'État aux compagnies privées, il faudrait constituer un stock stratégique à n' utiliser qu'en cas d' urgence.
Le président de l'institut haïtien de l' énergie (IHE) , préoccupé à l' époque par cette relative faible capacité de stockage d'un million de barils, a tenté de faire venir un acteur Trinidadien sur le marché local ,le British Petroleum, qui promettait de construire une importante capacité de stockage stratégique.
Les gallons jaunes font la loi, l'essence devient un butin récompensant la patience
Des files d'attente qui peuvent atteindre parfois 1 kilomètre entre les véhicules et jusqu'à six heures de patience avant d' être servi par un pompiste.
Cet exercice de patience ne promet pas forcément de finalement récupérer le précieux produit car la concurrence est énorme face aux gallons jaunes qui font désormais la loi dans les moments de rareté - artificielle ou réelle .
En effet, cette rareté dénoncée par des autorités de l' executif et du judiciare est parfois provoquée au profit d'un marché noir où le gallon peut se vendre jusqu'à 200 % plus cher que son prix officiel.
Des arrestations ne dissuadent en général pas les opérateurs de ventes en gallons sur les trottoirs et les gros bonnets qui profitent du gros de ces ventes illicites au marché noir paraissent être intouchables.
par Cliff Coulanges